STRUCTURES DU FRANÇAIS CONTEMPORAIN

     

   A) TABLE DES CLASSES MORPHOLOGIQUES  DU FRANÇAIS

 

 

 

 

 

B)  LE SUBSTANTIF

 

Substantifs changeant de genre et de sens

un aide,             une aide

un aigle,            une aigle

un amour,         une amour

un crêpe,         une crêpe

un critique,         une critique

un enseigne,     une enseigne

un foudre,         la foudre

un garde,         une garde

un greffe,         une greffe

un guide,         une guide

un livre,             la livre

un manche,     la manche,     la Manche

un manoeuvre,     une manoeuvre

un mémoire,         la mémoire

un mode,             une mode

un moule,             une moule

un oeuvre,             une oeuvre

un page,                 une page

un parallèle,             une parallèle

un pendule,             une pendule

un physique,             la physique

un pique,                 une pique

le poêle,                 la poêle

un solde,                 la solde

un trompette,         une trompette

un tour,                 la tour

un vapeur,             une vapeur

un vase,                 une vase

un voile,                 la voile

 

C) LE VERBE

 

Le verbe est un élément grammatical complexe qui comporte: rôle, type, sens, formes, personnes, temps, modes, et aspects

1. LE ROLE du verbe

Le rôle du verbe en français est d'exprimer :

 I. un état: ELLE EST INTELLIGENTE

   Les verbes d'état introduisent un attribut du sujet  (et non pas un c.o.d.!)

        a) Etat réel:

            être                 Il est capitaine
            devenir             Elle devient professeur ("commencer à être")
            *se faire             Il se fait moine ("faire devenir")
            rester             Il reste le directeur du magasin ("continuer à être")
            demeurer             Elle demeure la plus grande journaliste ("continuer à être")
            s'avérer             La nouvelle s'avéra fausse ("être évidemment")
        b) Etat apparent:
            Sembler             Il semble honteux
            Paraître             Il parait malade
            avoir l'air             Elle a l'air heureuse
            passer pour         Il passe pour un gangster

        c) Verbes pouvant marquer l'état dans certaines constructions.

            faire                     il fait le fou
            mourir                 il mourut général
            vivre                     il vécu heureux

II  une action: IL TRAVAILLE

2. LES TYPES de verbes

Verbes transitifs [ils acceptent un objet direct] manger, lire, aimer

Certains verbes transitifs sont suivis d'un attribut qui caractérise le complément d'objet direct (c.o.d.)

Rendre         On a rendu l'étudiante heureuse
faire             Le soldat a fait l'ennemi prisonnier
*choisir         La ville a choisi cette jeune fille reine de beauté 2006
créer             On a créé sa secrétaire vice-président
élire             on a élu l'actrice Directrice de la cinémathèque
juger                 on a jugé l'accusé coupable du meurtre
montrer         on a montré l'accusé innocent
nommer       la population a nommé le gendarme maire du village
trouver          le public trouve le film ridicule

appeler             on appelle cet outil "tirepoint"
baptiser             Citroen a baptisé sa première voiture "Traction"
dire                     on la dit savante
proclame             on a proclamé son fils "idiot du village".
   

                    Verbes intransitifs [pas d’objet direct] concorder, éclater, aller

Verbes parallèles [transitifs et intransitifs] jaunir, vieillir,

Battre le blé / avoir le coeur qui bat

Pousser la porte / le blé pousse

Blanchir le linge / ses cheveux blanchissent

Passer son temps / passer devant La Bastille

Cuire le rôti / Cuire au four

3. LE SENS (objectif, subjectif, factitif)

Soit la phrase: (1) J'ÉCRIS UNE LETTRE ; on énonce une action dont l'objet est "lettre".

Soit la phrase : (2) J'ÉCRIS ; l'objet est laissé libre, il peut s'agir d'un roman, d'une lettre, d'un article, etc.

Dans le premier cas, le verbe est dit OBJECTIF -il a un "objet"; dans le second cas le verbe est dit SUBJECTIF.

Formellement, le verbe FACTITIF ne se distingue pas des verbes de construction subjective ou objective, mais il indique que le sujet FAIT accomplir l'action par quelqu'un d'autre:

JE FAIS CHANTER (factitif/subjectif)

JE FAIS CHANTER UNE CHANSON (factitif/objectif)

4. LES FORMES VERBALES

Voie active:

Voie passive:

Forme pronominale

sens réfléchi: se coucher, se nuire

sens réciproque: se battre, s'insulter

sens pronominal: s'emparer, se souvenir

sens passif: se casser, se plier

Forme impersonnelle: il pleut, il faut

Construction impersonnelle : il vient des voitures

ACTIF

A la forme active, le sujet grammatical est aussi l'agent de l'action exprimée par le verbe et le complément d'objet est le patient de l'action exprimée par le verbe. Le français préfère cette structure qui correspond mieux aux principes généraux de la langue. [On].

JACQUES     CASSE     UN VERRE

[ S ]     - V -             [ C.o.D ]

[ Agent ]                         [ Patient]

PASSIF

A la forme passive, le sujet est le patient de l'action et c'est le complément d'agent qui est l'agent:

UN VERRE         EST CASSÉ         PAR JACQUES

[ S ]                         - V -                         [ C. d'Agent]

[Patient ]                                                 [ Agent ]

Le français n'aime pas beaucoup la structure passive et ne l'utilise généralement que lorsque l'agent n'a pas besoin d'être indiqué parce qu'on veut insister sur l'action elle-même:

LA BRANCHE EST CASSÉE

LA VOITURE EST ARRÊTÉE

LE LIVRE EST IMPRIMÉ

PRONOMINAL

Dans une construction pronominale, le verbe se construit avec un pronom. Certains verbes français changent de sens lorsqu'ils sont utilisés à la forme pronominale:

Je me lève à huit heures

= = Je lève le doigt = =

En français, il faut distinguer entre deux valeurs de la forme pronominale:

-- réfléchie: (l'action exprimée par le verbe porte sur le sujet)

JE ME LAVE

-- réciproque: (une action qui est la même porte sur deux sujets à la fois)

ILS SE BATTENT

LES PARENTS S'EMBRASSENT

d'où, parfois, ambiguïté:

CES VOISINS SE DÉTESTENT

IMPERSONNEL

En français, il faut distinguer entre les formes impersonnelles du verbe et la construction impersonnelle:

1. Formes impersonnelles

Les formes impersonnelles ne se présentent qu'à la 3e personne du singulier et

restent invariables. Elles ont généralement à voir avec des informations météorologiques ou temporelles:

IL PLEUT // IL NEIGE // IL VENTE

Elles peuvent également se construire avec le verbe faire:

IL FAIT BEAU // IL FAIT FROID // IL FAIT NUIT

Dans ce type de construction, si l'on veut ajouter un complément, il faut introduire le nom par un article indéfini:

IL FAIT UNE NUIT MERVEILLEUSE // IL FAIT UN TEMPS ABOMINABLE

2. Constructions impersonnelles

Lorsque l'attention est dirigée sur l'action ou l'événement, on peut utiliser une construction impersonnelle. Toutefois, seulement quelques verbes acceptent ce type de construction:

- verbes transitifs [qui acceptent un complément d'objet direct] (avec construction passive)

ON LIRA UN POÈME DE PRÉVERT à IL SERA LU UN POÈME DE PRÉVERT

- intransitifs [le plus souvent les verbes venir, arriver, rester, tomber, manquer]

DE BONNES PISCINES MANQUENT A PARIS à IL MANQUE DE BONNES PISCINES A PARIS DE NOMBREUX ACCIDENTS ARRIVENT CHAQUE SAMEDI à IL ARRIVE DE NOMBREUX ACCIDENTS

II faut noter que l'accord se fait avec le sujet singulier "IL".

- pronominaux:

DE GRAVES ÉVÉNEMENTS SE PRODUISENT à FREEDONIA à IL SE PRODUIT DE GRAVES ÉVÉNEMENTS A FREEDONIA

Dans le cas de la construction impersonnelle, si le groupe qui suit le verbe est un substantif, il est toujours précédé d'un article indéfini, ou d'une construction partitive (de, des) ou d'un adjectif indéfini (quelques, certains, etc.). A la place d'un substantif, on peut trouver un verbe à l'infinitif précédé de la locution de quoi:

IL RESTE DE QUOI BOIRE

Pour mettre l'emphase sur le substantif, on peut le mettre en tête de phrase {voir la partie dans le chapitre consacré à la syntaxe sur la transformation d’emphase) mais il faut placer le pronom en devant le verbe:

DES VOITURES, IL EN VENAIT DE TOUTES LES DIRECTIONS

5. LES PERSONNES

Dans la conjugaison il y a des temps et des modes « personnels » et des temps et des modes « impersonnels ».

L’Indicatif, le subjonctif, le conditionnel sont des modes « personnels » ; l’infinitif et le participe sont des temps « impersonnels ». L’impératif est un mode hybride et tronqué.

En français on reconnaît les personnes suivantes :

Singulier : 1re personne [je]

2e personne [tu]

3e personne masc [il] fem [elle] neutre [il]

Pluriel : 1re personne [nous]

2e personne [vous]

3e personne masc [ils] fem [elles]

6. LES TEMPS

En général, pour expliquer le système des temps en français, on imagine une ligne sur laquelle sont découpés trois segments: le passé, le présent, le futur.

<------------------------------------ Il ------------------------>

Passé                             Présent                         Futur

Cependant, en français, l'utilisation des temps n'est pas toujours aussi rigide; on peut ainsi très bien dire:

JE RENTRE DANS CINQ MINUTES

JE ME RETOURNE ET IL ÉTAIT Là QUI ME REGARDAIT

Temps absolus

a) Présent

-- Indique un fait qui s'accomplit à l'instant où l'on parle: J'ÉCRIS

-- Indique une vérité universelle et atemporelle:

LA TERRE TOURNE AUTOUR DU SOLEIL

Autres valeurs plus stylistiques:

-- Présent "historique": on raconte un événement qui s'est produit dans le passé, mais on met le verbe qui indique l'action principale au présent pour le rendre plus actuel, plus vif:

JE MARCHAIS DANS LA RUE, ARRIVE UNE VOITURE, C'ÉTAIT MON FRÈRE -- Le présent sert à rendre plus proche une action future:

ON SE VOIT DANS HUIT JOURS POUR L'ANNIVERSAIRE DE BERNARD

b) Futur

Le français a un futur ordinaire [JE CHANTERAI] et un futur périphrastique construit avec l'auxiliaire aller [JE VAIS CHANTER].

On utilise obligatoirement le futur périphrastique pour indiquer qu'une action doit avoir lieu immédiatement et le futur ordinaire lorsqu'une action attendue doit se produire plus tard:

ATTENDEZ! JE VAIS VOIR [Je le fais immédiatement]

ATTENDEZ! JE VERRAI [Je le ferai plus tard]

De cette façon, on peut créer une idée de succession d'action dans le futur:

JE VAIS CHERCHER MON FRÈRE ET NOUS VIENDRONS AVEC VOUS

Le futur peut aussi avoir des valeurs usuelles plus stylistiques:

-- le futur peut indiquer l'atténuation d'une certitude:

ON SONNE, CE SERA LE FACTEUR

-- le futur peut se substituer à l'impératif:

TU NE TUERAS POINT!

Le passé

Si le présent et le futur peuvent avoir une valeur absolue, dans les temps du passé, il n'y a que des valeurs relatives: l'action n'est pas considérée par rapport au moment présent abstrait de l’énonciation qui sert de référence, mais par rapport à une autre action qui a lieu avant, en même temps, ou après.

Le français a plusieurs manières d'exprimer les nuances temporelles qui ont à voir avec l'antériorité /la postériorité et les indications de moment et de durée.

Les notions d'antériorité et de postérité de deux actions relatives peuvent s'exprimer en français par 1) l'utilisation du système verbal; 2) des notations sémantiques (mots à valeur temporelle).

a) Système verbal

Dans le système verbal, il y a deux façons fondamentales de considérer les relations d'antériorité et de postériorité:

-- Succession immédiate et rapide de deux ou plusieurs actions.

-- Grande différence de temps entre deux actions.

-- Le premier cas donne lieu à une relation antériorité/postériorité implicite. Le temps est le même pour toutes les actions décrites et elles se suivent logiquement.

Il boit son café, paye et sort. Il but son café, paya et sortit

II boira son café, payera et sortira

-- Lorsqu'il y a une différence temporelle importante entre les actions, la succession peut se marquer de plusieurs façons:

1) Par le système normal des temps :

Utilisation de la succession temporelle normale (passé, présent, futur)

Il a mangé, il se lève, il va partir.

Utilisation des valeurs temporelles dans le passé et dans le futur.

Quand il avait travaillé, il jouait au tennis.

2) Par utilisation des valeurs modales dans le passé :

Il m'a dit qu'il achèterait ce bateau.

Lorsque le sujet de la proposition principale est le même que celui de la subordonnée on doit utiliser la forme de l'infinitif passé précédé de après pour marquer une action antérieure.

Après avoir parlé, Karl se rassit.

3) Par utilisation des formes périphrastiques (auxiliaires et semi-auxiliaires)

-- Pour indiquer une succession très rapide marquant le passé, le présent et le futur dans l'instant:

II vient de partir, il venait de partir, il va prendre le train, il allait prendre le train -

-- Dans le passé

Quand il a eu reçu son prix, il est parti pour Tahiti

-- Dans l’avenir

II va préparer son cours et il viendra nous rejoindre

-- Pour indiquer une action prochaine dans l'avenir, mais pas absolument immédiate, on utilise l'auxiliaire devoir + infinitif:

II va prendre le train [à 13 heures], il doit arriver [ce soir] à Toulouse, [demain] il partira pour Madrid.

4) Par utilisation de notations sémantiques

Les notations sémantiques peuvent s'établir à partir de termes significatifs ou de mots grammaticaux :

-- Mots significatifs: tels que ceux qui apportent une indication temporelle explicite (date, jour, heures, etc.)

Lundi, ce restaurant est ouvert, mardi il est fermé

-- Conjonctions ou autres mots grammaticaux capables de représenter la succession :

D’abord il a changé de costume puis il est parti pour le théâtre.

a) Imparfait

En général, on présente l'imparfait comme un temps de la durée: une action se produit pendant un certain temps dans le passé. Cependant, il est plus juste de dire qu'il s'agit d'une action considérée sans référence temporelle à son début et à sa fin. C'est donc par excellence le temps de la description car il a une valeur DURATIVE.

IL MARCHAIT DANS LE JARDIN

On utilise aussi l'imparfait pour désigner une action ou un état qui se répète. Valeur répétitive ou ITERATIVE.

A CETTE ÉPOQUE, J'ALLAIS TOUS LES JOURS AU CINÉMA

On peut aussi employer l'imparfait pour indiquer une valeur causale:

LA PLANTE NE RÉSISTA PAS: ELLE MANQUAIT D'EAU

Stylistiquement, l'imparfait peut avoir les deux valeurs suivantes:

-- il sert à atténuer une affirmation ou une déclaration trop brutale:

Je viens vous demander une faveur à JE VENAIS VOUS DEMANDER UNE FAVEUR

-- souvent, dans la langue parlée, l'imparfait apparaît dans une construction qui se substitue à une structure au conditionnel:

Si je n'étais pas venu, tu ne l'aurais pas su à SI JE N'ÉTAIS PAS VENU, TU NE LE SAVAIS PAS.

Si tu avais tiré ta ligne tu aurais eu le poisson à TU TIRAIS, TU L'AVAIS!

IMPARFAIT / Valeur durative (durée)

Nous nous sommes levés de grand matin pour prendre la fraîcheur [...]: des deux côtés, nous avions de hautes terres chargées de forêts; le feuillage offrait toutes les nuances imaginables... Près de nous, c'était toute la variété du prisme; loin de nous, dans les détours de la vallée, les couleurs se perdaient et se mêlaient dans des fonds veloutés.

F.-R. de Chateaubriand Atala

b) passé simple

On utilise le passé simple pour marquer une action ou un état qui se produit à un moment précis ou pendant une durée de temps précise.

IL CHANTA A CE MOMENT

JE VÉCUS DIX ANNÉES A PARIS

Dans cet emploi, le passé simple est de plus en plus remplacé dans la langue parlée par le passé composé.

PASSÉ SIMPLE / Valeur ponctuelle (un moment précis)

A midi exactement du jour qui suivit celui durant lequel le jeune homme aux brodequins fauves avait fait sa trouvaille, un rayon de soleil, tombé du zénith, frappa directement une petite touffe d'écume qui crêtait l'une de ces plus hautes vagues de cet océan [...]. L'écume se vaporisa, puis monta vers le zénith se fondre dans un nuage. A ce moment, le vent souffla et chassa violemment le nuage vers la terre.

Michel Leiris, Aurora

Coïncidence du duratif et du ponctuel

Le silence reforma un instant sa nappe d'huile lourde propre à d'innombrables combustions cachées, mais bientôt y tombèrent des cris venus de la pyramide, qui mirent le feu aux poudres. Peut-être était-ce les forçats prisonniers qui massacraient leurs geôliers, puis s'entre-déchiraient, saisis soudain d'une fureur de meurtre collective.

Michel Leiris, Aurora

c) Passé composé:

Il a la même valeur temporelle que le passé simple mais pas la même valeur aspectuelle (cf. V).

J'AI TRAVAILLÉ PENDANT TOUTES LES VACANCES A MON DEVOIR DE FRANÇAIS

J'AI VÉCU SIX MOIS EN AFRIQUE

Tous ces temps du passé sont utilisés, avec leur valeur respective, s'il y a une seule action (ou un seul état) indiquée par un verbe. S'il y a plusieurs actions on utilise des temps composés pour indiquer la succession des actions.

d) Plus-que-parfait:

Le plus-que-parfait indique qu'une action de durée indéterminée (comme l'imparfait) s'est produite dans le passé avant une autre action (de durée précise ou indéterminée).

Quand J'AVAIS TERMINÉ mon travail, je lisais    Génération

J'AVAIS TERMINE mon repas,  quand il arriva pour aller au cinéma

       I                                                                                     II

<---------------------------------------------------------------------------------------------------||-------------------- >

PASSÉ                                                                                                       PRÉSENT

 

PLUS-QUE-PARFAIT

Maintenant, tous les soirs, quand il l'avait ramenée chez elle, il fallait qu'il rentrât, et souvent elle ressortait en robe de chambre et le conduisait jusqu'à sa voiture, l'embrassait aux yeux du cocher, disant: "qu'est-ce que cela peut me faire, que me font les autres?"

Marcel Proust, Un Amour de Swann

 

e) Passé antérieur:

Le passé antérieur a une valeur temporelle ponctuelle (comme le passé simple) et indique qu'une action s'est produite à un moment précis avant une autre.

Quand J'EUS COMPTÉ la somme,  il me donna un reçu

                  I                                                         II

--------------------------------------------------------------------------------------------< >

PASSÉ                                                                                                      PRÉSENT

 

PASSE ANTÉRIEUR

A peine le rieur eut-il déchiffré ce double appel vers la voie souterraine, longue et funèbre galerie creusée par quels insatiables rongeurs, qu'il se sentit comme aspiré et, glissant pendant quelques secondes ou quelques siècles le long de ce puits étroit, fut transporté finalement dans les limites d'un territoire qui lui était tout à fait inconnu.

Michel Leiris, Aurora

f) Futur antérieur:

Le futur antérieur indique qu'une action devra être terminée pour qu'une autre se produise.

                                         Quand VOUS AUREZ LU ce livre,    il vous en donnera un autre

                                                                            I                                              II

                || ------------------------------------------------------------------------------------------------------------->

PRÉSENT                                                                                 FUTUR

 

7. LES MODES

Lorsque l'on considère une action ou un état, on peut estimer que cette action est réelle, possible, conditionnelle ou à faire. Pour indiquer ces nuances de perception, le français dispose de 4 modes:

INDICATIF, SUBJONCTIF, CONDITIONNEL, IMPÉRATIF

Le PARTICIPE et l'INFINITIF qui sont également des modes, correspondent à d'autres catégories.

a) Indicatif:

Il sert à affirmer la réalité de l'action ou de l'état indiqué: ce que l'on dit est vrai. L'indicatif est considéré, du point de vue stylistique, comme un mode intellectuel car il indique une constatation du locuteur et ne révèle rien de son attitude psychologique.

PIERRE A PERDU TOUTE SA FORTUNE AU JEU

IL N'Y A QUE CHARLES QUI M'A FÉLICITÉ POUR MON PRIX

b) Subjonctif:

Au contraire de l'indicatif, le subjonctif est un mode affectif; c'est-à-dire qu'il signale que l'action ou l'état indiqué n'est pas d'une réalité objective, mais correspond au plaisir, au désir, à l'inquiétude, à la crainte ou au regret du locuteur. C'est pourquoi le subjonctif est obligatoire après les verbes qui indiquent ces notions.

VIENNE LE JOUR! [désir]

Je veux qu'il VIENNE me parler [volonté]

Je regrette qu'il ne SACHE pas sa leçon [regret]

IL N'Y A QUE CHARLES QUI M'AIT FÉLICITÉ POUR MON PRIX [cela me touche]

Originellement, en français, le subjonctif avait la valeur de conditionnel. Progressivement le mode conditionnel s'est développé et le subjonctif a perdu sa valeur de conditionnel, mais dans certain cas, il est utilisé pour indiquer une valeur éventuelle [qqch peut arriver].

VIENNE ENCORE UN CLIENT ET IL VENDRA TOUS SES LIVRES

Seul l'imparfait du subjonctif a conservé, dans l'usage, une valeur de conditionnel. Considérez la différence entre ces deux exemples:

[présent] JE CHERCHE UN MÉCANICIEN QUI PUISSE RÉPARER MON MOTEUR [imparfait ] JE CHERCHE UN MÉCANICIEN QUI PûT RÉPARER MON MOTEUR

Dans le premier cas il n'y a qu'une expression de finalité, alors que dans le second exemple, il y a en plus une valeur conditionnelle [on n'est pas sûr qu'un tel mécanicien existe].

c) Conditionnel:

Le conditionnel qui est apparu en français à l'époque du Moyen Age, se présente à la fois comme un mode et comme un temps:

-- Comme temps, il joue le rôle d'un futur du passé

IL M'A DIT QU'IL VIENDRAIT [il m'a dit: "Je viendrai"]

I                                                                        II

------------------------------------------------------------------------------------------------>

PASSÉ                                        [PRÉSENT FUTUR]

-- Comme mode, il indique le fait qui s'accomplira ou qui sera accompli si une condition est réalisée. On ne l'emploie jamais avec SI dans la même proposition, puisque SI indique déjà la notion de condition, mais on peut l'utiliser avec QUAND:

Si tu travaillais plus, tu AURAIS de meilleures notes

Quand ce SERAIT une excellente décision, il ne la prendrait pas. [même si c'était une excellente décision, il ne la prendrait pas]

D'un point de vue stylistique, le conditionnel peut également avoir les deux valeurs suivantes:

-- II peut servir à atténuer une affirmation trop rude:

JE VOUDRAIS VOUS DEMANDER DE NE PAS FUMER [Je veux vous demander de ne pas fumer -présent-] [Je voulais vous demander de ne pas fumer -imparfait-]

-- II peut indiquer une affirmation à laquelle le locuteur ne veut pas s'associer [très utilisé dans le discours journalistique]:

En France, aux prochaines élections présidentielles Sarkozy l'EMPORTERAIT sur n’importe quel candidat de la gauche.

f) Impératif:

II indique l'ordre, la prière, le souhait. II n'y a pas de 1 e et de 3e personne du singulier et pas de 3e personne du pluriel.

AMUSE-TOI! MARCHONS! TRAVAILLEZ!

Dans la langue parlée il est souvent renforcé par donc REGARDEZ DONC CE JOUEUR!

et dans la langue populaire par l'ancien adverbe voire ("vraiment") qui a perdu son -e final par assimilation avec le verbe voir à l'infinitif: ÉCOUTEZ VOIR CE QUE JE VOUS DIS

Les autres modes n'ont pas de personne et appartiennent à un système grammatical plus proche du nom que du verbe.

g) Infinitif:

L'infinitif n'a pas de valeur temporelle (passé, présent, futur) nette; cette valeur dépend de celle du verbe qu'il accompagne:

JE LE VOIS VENIR / JE L'AI VU VENIR // JE LE VERRAI VENIR

Le substantif isolé est le concept de la chose, l'infinitif exprime le concept de l'action ou de l'état. L'absence des valeurs verbales permet à l'infinitif de nombreuses utilisations stylistiques: -- impersonnel et atemporel, il peut servir à atténuer la valeur de l'impératif:

NE PAS FUMER // NE PAS SE PENCHER PAR LA FENÊTRE

-- sa structure simple lui permet d'être utilisé pour exprimer une émotion intense: [le "cri du coeur"]

VOIR NAPLES ET MOURIR !

h) Participe:

Les participes n'ont pas de valeur temporelle précise. Néanmoins, on distingue entre le participe présent et le participe passé :

--- Présent:

De cette valeur atemporelle, le participe présent tire une aptitude à se conformer au contexte temporel indiqué par le temps du verbe à un mode personnel qu'il accompagne. Le participe présent désigne alors une action qui sert de cadre général à l'action exprimée par le verbe.

ÉTUDIANT TOUTE LA JOURNÉE, J'AI RÉUSSI A PASSER MES EXAMENS

Généralement, son emploi le rapproche de la structure de la proposition relative; on considère cependant qu'il est stylistiquement "plus lourd":

LES CHASSEURS RACONTANT LEURS EXPLOITS SONT ENNUYEUX LES CHASSEURS QUI RACONTENT LEURS EXPLOITS SONT ENNUYEUX

On trouve parfois le participe présent précédé de la préposition en; on dit alors que c'est un gérondif. Dans ce cas l'action exprimée par le participe se rapporte à l'ensemble du procès et n'indique pas seulement une action simultanée:

LES ENFANTS S'AMUSENT EN CRIANT

LES ENFANTS S'AMUSENT, CRIANT

Il ne faut pas confondre la structure du gérondif et la structure où le participe est précédé de tout en. Dans ce cas le participe indique une action qui, bien que réalisée en même temps que celle exprimée par le verbe principal, la rend normalement impossible.

TOUT EN REGARDANT LA TÉLÉVISION, IL LIT LE JOURNAL

-- Passé:

Le participe passé construit avec le verbe "être" ou "avoir" a perdu toute autonomie et se conforme aux règles de formation et d'accord qui gouvernent les verbes aux temps composés. Dans les autres cas il suit les règles d'accord et de placement des adjectifs.

Le participe passé des verbes les plus fréquents en -ir, -re, -oir classés par ordre alphabétique:

acquérir acquis                 avoir eu

apercevoir aperçu             battre battu

apparaître apparu             boire bu

apprendre appris             conclure conclu

(s") asseoir assis             comprendre compris

atteindre atteint             conduire conduit

attendre attendu             connaître connu

construire construit             paraître paru

convaincre convaincu             partir parti

courir couru                 peindre peint

couvrir couvert             perdre perdu

craindre craint             permettre permis

croire cru (se)             plaindre plaint

cuire cuit                     plaire plu

découvrir découvert     pleuvoir plu

descendre descendu     pouvoir pu

détruire détruit             prendre pris

devenir devenu             promettre promis

devoir dû (fém. due)     recevoir reçu

dire dit (se)             reconnaître reconnu

disparaître disparu     rendre rendu.

dormir dormi             répondre répondu

écrire écrit             réussir réussi

émouvoir ému             rire ri

être été             savoir su

faire fait             sentir senti

falloir fallu             (se) servir servi

finir fini                 sortir sorti

fuir fui                 souffrir souffert

grandir grandi         se souvenir souvenu

interrompre interrompu         suivre suivi

intervenir intervenu             se taire tu

joindre joint                 tenir tenu

lire lu                         valoir valu

mettre mis                 vaincre vaincu

mordre mordu             vendre vendu

mourir mort                 venir venu

naître né                     vivre vécu

obtenir obtenu         voir vu

offrir offert                 vouloir voulu

ouvrir ouvert

--- Accord du participe passé.

1. Le participe passé employé sans auxiliaire s'accorde en genre et en nombre avec le mot auquel il se rapporte : Des fleurs parfumées; une lettre recommandée.

2. Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir reste invariable, excepté quand le complément direct précède le verbe; le participe passé s'accorde alors avec ce complément en genre et en nombre: j'ai reçu hier deux lettres (le complément direct suit); j'ai lu toute la journée (il n'y a pas de complément); Voici les lettres que j'ai reçues hier (le complément direct précède).

3. Le participe passé employé avec l'auxiliaire être s'accorde en genre et en nombre avec le sujet: Elle est née au mois de janvier et elle est morte au mois d'octobre.

Le participe passé des verbes passifs étant toujours construit avec être s'accorde avec le sujet: Elle a été surprise; Les enfants sont aimés.

4. Sauf dans les deux cas indiqués plus loin, le participe passé des verbes pronominaux s'accorde ou avec le sujet ou avec le pronom réfléchi (cela revient au même): Ces deux hommes se sont salués; Elle s'est regardée dans le miroir; Ils se sont souvenus de leurs parents.

EXCEPTIONS: (1) Lorsque le verbe est normalement suivi de la préposition i:

Ils ne se sont pas parlé;

(2) Lorsque le complément direct est autre que le pronom réfléchi: Elle s'est acheté une automobile. L'automobile qu'il s'est achetée.

5. Le participe passé des verbes employés impersonnellement est invariable:

Les chaleurs qu'il a fait; Les pluies qu'il y a eu.

6. Le participe passé des verbes intransitifs reste invariable:

Les enfants qui ont marché; Les trois heures qu'il a dormi.

Quelques verbes sont employés tantôt comme transitifs tantôt comme intransitifs. Alors l'accord se fait ou ne se fait pas, selon le sens:

Les deux heures qu'il a parlé; La langue qu'elle a parlée;

Les dix francs que le livre m'a coûté; Les peines que ce livre m'a coûtées;

Les trois kilogrammes que cette caisse a pesé; La caisse que nous avons pesée;

Les deux heures qu'il a couru; Les dangers qu'il a courus (affrontés).

7. Les participes passés laissé, vu, entendu, envoyé suivis d'un infinitif sont variables ou invariables, selon qu'ils ont pour complément cet infinitif ou le complément direct qui précède:

Les chansons que j'ai entendu chanter (J'ai entendu, quoi? chanter);

Les jeunes filles que j'ai entendues chanter (J'ai entendu, qui? les jeunes filles);

Cette personne, je l'ai vue arriver;

Cette comédie, je l'ai vu jouer (Dans le premier exemple, la est le complément de j'ai vu, dans le second cas, il est le complément de jouer).

Lorsque ces distinctions ne sont pas claires, on peut faire l'accord ou ne pas le faire.

REMARQUE. Les participes passés qui ont pour complément direct un infinitif sous-entendu ou une proposition sous-entendue sont toujours invariables:

Il n'a pas payé toutes les sommes qu'il aurait du (sous-entendu: payer);

Il nous a rendu tous les services qu'il a pu (sous-entendu: nous rendre);

Il nous a joué tous les morceaux que nous avons voulu (sous-entendu: qu'il joue).

8. Le participe passé fait suivi d'un infinitif reste invariable:

La maison que nous avons fait bâtir;

Cette personne, je l'ai fait venir chez moi;

Cette comédie, l'auteur l'a fait jouer d Paris.

9. Quelquefois le représente une proposition entière; dans ce cas le participe passé reste invariable:

Elle est plus faible que je ne l'aurais cru (c'est-à-dire je n'aurais cru cela, qu'elle est faible).

10. Le participe passé qui a pour unique complément le pronom en, reste invariable:

On m'a dit que vous avez pêché des truites; combien en avez-vous pris?

Autant j'ai reçu de lettres, autant j'en ai écrit.

Mais lorsque en est précédé d'un complément direct, le participe passé s'accorde avec celui-ci:

J'ai écrit à la librairie Larousse; voici les livres que j'en ai reçus.

11. Le participe passé précédé d'une expression collective s'accorde avec le collectif ou avec son complément, selon l'idée qui frappe le plus l'esprit:

La foule d'hommes que j'ai vue (J'ai vu la foule);

La foule (= le grand nombre) d'hommes que j'ai reçus (J'ai reçu des hommes).

12. Quand le participe passé est suivi d'un adjectif sans lequel la phrase serait incomplète ou même incompréhensible, l'accord ne se fait pas:

Elle s'est fait belle pour le bal; Il l'a rendu heureuse.

 

8. LES ASPECTS

En français, le rôle du verbe c'est d'indiquer à quel moment précis une action ou un état a lieu [temps]. Mais une action ou un état peuvent être considérés du point de vue de sa réalisation. Une action peut ainsi être terminée [accompli], en train de se produire [inaccompli]; elle peut commencer [inchoatif], se terminer [terminatif], etc.

Dans de nombreuses langues mondiales, ces aspects sont souvent plus importants que les notions de temps. Ces aspects expliquent également pourquoi il existe en français plusieurs temps qui ont la même valeur temporelle.

a) Inaccompli:

En français, le présent, le futur et tous les temps simples du passé indiquent un aspect inaccompli: l'action est considérée au moment de son accomplissement:

JE LIS // JE LISAIS // JE LIRAI // IL REGARDA LE JOURNAL

On peut renforcer cet aspect inaccompli en utilisant la formule être en train de au temps nécessaire:

JE SUIS EN TRAIN DE LIRE // J'ÉTAIS EN TRAIN DE LIRE // JE SERAI EN TRAIN DE LIRE

b) Accompli:

Cet aspect se marque par la présence de temps composés

J'AI MANGE // J'AVAIS MANGÉ // J'AURAI MANGÉ // J'EUS MANGÉ

Ces temps indiquent en même temps que l'action est passée et terminée. On peut renforcer le caractère accompli d'une action en utilisant les formes surcomposées [eu]

Quand l'astronaute A EU TERMINÉ son travail, le Centre de Contrôle lui demanda de rentrer dans la navette spatiale

Après AVOIR EU TERMINÉ son travail, le spationaute rentra dans la navette.

Comme on le voit, ces formes surcomposées peuvent également indiquer la succession de deux actions et alors elles gardent leur valeur temporelle.

Quand il A EU VENDU sa vieille auto, sa famille était très heureuse Après AVOIR EU VENDU ma vieille auto, j'étais très riche.

c) Inchoatif:

Ce qui marque qu'une action commence. On peut l'exprimer par des périphrases telles que: commencer à, se mettre à, se prendre à, etc.

IL SE MIT A RIRE // IL COMMENÇA A CHANTER //

La formation des mots français a également produit le préfixe EN- pour distinguer les verbes qui indiquent le début d'une action:

S'ENDORMIR / DORMIR ; S'ENFUIR / FUIR S'ENVOLER / VOLER ; ENRAGER / RAGER etc.

d) Terminatif:

Présente l'action comme totalement terminée et achevée. Il s'exprime par des périphrases

telles que: finir de , venir de.

IL VIENT DE PARTIR // IL A FINI DE CHANTER

Avec les formes de participe passé, on peut indiquer l'aspect terminatif grâce à l'adverbe tout: UN VÊTEMENT TOUT FAIT UNE CHEMISE TOUTE REPASSÉE

e) Résultatif:

Indique qu'une action aura tel ou tel résultat. On marque cet aspect grâce au verbe rendre + adjectif.

CE CADEAU TE RENDRA HEUREUX

f) Progressif:

Lorsque l'action ne se réalise pas immédiatement mais progressivement. On utilise aller + gérondif ou aller + participe présent

LA ROUTE VA EN S'ÉLARGISSANT

DANS CE COURS, LE TRAVAIL VA DÉCROISSANT

 

D)  L'ADJECTIF QUALIFICATIF 

1. Généralités

Qualité /relation

Le système des oppositions de genre et nombre.

2. Nature de l'adjectif

A) Formation de l'adjectif

Formation régulière

Formations particulières

Formation des pluriels

B) Accords de l'adjectif qualificatif

-- Accord avec le nom

-- Absence d'accord

1L'adjectif n'a pas de forme du féminin

2 Un nom joue le rôle d'adjectif

3 Un adjectif cesse d'être un adjectif et devient un mot invariable (demi, mi, etc.)

4 L'adjectif placé avant le nom se sépare sémantiquement du nom (vu, ci-joint, etc.)

5 Expression de couleurs

6 Il y a doute sur l'accord

3. Fonctions de l'adjectif

A) Adjectif épithète

L'adjectif juxtaposé au nom et indiquant une qualité inséparable du nom est dit épithète.

q Construction directe

Un humble serviteur. Le mien propre

B) Adjectif attribut. L'adjectif relié au sujet ou à l'objet est dit attribut.

L'Océan était vide et la plage déserte

q Construction avec de

Quelque chose de grand

Construction directe

Ils montaient graves.

Heureux, sont ces animaux.

Construction avec préposition ou conjonction.

Il a agi en ingrat . Je considère ce crime comme sérieux.

C) Adjectif apposé

Séparé par des virgules ou une pause après un nom propre.

Ce garçon, menteur, a été exclu de l'équipe.

Martineau, ingrat jusqu'au bout, n'a pas contribué au cadeau d'adieu.

Qualifiant un pronom indéfini

Je vois quelque chose de beau

4. Place de l'adjectif qualificatif épithète

A) Adjectifs isolés

Comme l'on sait, c'est là une des questions les plus délicates de la grammaire française. Il y a pourtant un certain nombre de principes simples pour lesquels la stylistique est utile. Également, la stylistique, dans quelques cas, vient compliquer les règles élémentaires pour des raisons spécifiques d'expressivité.

-- Postposé:

--participe passé en situation d'adjectif

            Une pierre tombée

            Un cheval fourbu

            Une table dressée

            Le livre lu

--adjectifs qui indiquent des valeurs de forme ou de couleurs

            Une table ronde

            Un champ carré

            Une jupe bleue         Un drapeau rouge

            Un signal octogonal

--adjectifs à valeur d'agent qui ont une finale en -eur, -ard, -teur, etc.

            Un garçon menteur

            Un soldat couard

--adjectifs qui indiquent une provenance ou une origine

            Un savon polonais             Une histoire belge

--adjectifs à valeur sémantique réglée par placement                                                                

                

Avant le nom 

Après le nom

Nous habitons notre ancienne maison.  

(nous l'avions quitté et nous y sommes revenus.)

Nous habitons une maison ancienne. (elle est très vieille; elle est même classée monument historique.)

 

Le concierge est un brave homme. (il rend de petits services aux locataires)

Le concierge est un homme brave. (il n'a pas peur des cambrioleurs)

 

Je rentre dans mon cher appartement. (= que j'aime bien)

Je trouve que c'est un appartement cher.

(= coûteux)

 

Le dernier mois .. . (Nous sommes restés 4 mois et la panne a eu lieu le quatrième mois.)

Le mois dernier il y a eu une panne de chauffage.
(en février, nous sommes en mars)
 

Un jeune homme a loué la chambre. (entre 18 et 25 ans)

 

Le locataire est un homme jeune. (il a l'air jeune, dynamique)

 

II a payé le même jour. (que moi)

 

Il a payé le jour même. (exactement le jour dit)

 

C'est un touriste du Moyen Age. (il revient des Croisades)

 

C'est un touriste d'âge moyen. (environ cinquante ans)

 

Elle a de nouveaux meubles. (elle vient de changer son ameublement.)

 

Elle a des meubles nouveaux. (= de conception nouvelle)

J'ai un pauvre pensionnaire. (moralement pitoyable, il s'ennuie malgré son argent)

 

J'ai un pensionnaire pauvre.

(il n'a pas le sou pour payer sa pension)

 

Je voudrais louer la prochaine année. Pas 2006, mais 2007. (celle qui suit)

 

Je voudrais louer pour l'année prochaine.

(en 2006—nous sommes en 2005)

 

Je veux dormir dans mes propres draps.

(ceux que j'ai apportés, ils sont à moi)

 

Je veux dormir dans des draps propres.

(il faut les laver, vos draps

 

Nous avons loué à une seule darne. (les autres locataires sont des messieurs)

 

Nous avons loué à une dame seule. (elle est veuve ou divorcée)

 

C'est un grand homme (son nom est inscrit dans l'Histoire!)

 C'est un homme grand (il peu jouer au basket pour Duke)

Une légère brise agite les arbres ( le vent n'est pas très fort)

 C'est un homme  léger (pas très profond, superficiel)

Une sacrée soirée  (fabuleuse, exceptionnelle)

 Un livre sacré  (appartenant à la tradition religieuse de référence)

Il a fait une simple remarque  (isolée, unique)

 Allons! Réfléchissez! C'est une question simple! (pas compliquée, élémentaire)

Un vrai casse-tête  (défini un caractère intrinsèque)t

C'est un ami vrai (sincère, authentique)

Un sale crétin  (fondamentalement péjoratif)

Il a une chaussure sale (pas propre, à nettoyer)

Un certain sourire (d'un type particulier)

 Elle a un charme certain  (vrai, indubitable)

 

O Pour le reste des adjectifs, on peut reconnaître certaines tendances générales:

La séquence progressive (du connu à l'inconnu) demeure la règle générale; on a donc la séquence Substantif - Adjectif. Toute inversion vise à créer un effet d'insistance sur l'adjectif.

            Un tablier rouge -- "Les rouges tabliers" (V. Hugo).

            Une recherche stupide -- Une stupide recherche

L'ordre peut se régler sur la notion de cadence majeure. L'adjectif plus court sera placé avant le substantif.

            Un esprit vagabond -- un vif esprit

3. On peut choisir de mettre l'adjectif après le substantif pour marquer le fait que la qualité marquée est occasionnelle et non pas intrinsèque. Inversement, on placera l'adjectif devant pour indiquer qu'une qualité fait partie de la notion indiquée par le substantif.

            Un couple heureux (riche, égoïste, etc.) -- Un heureux couple

4. Toujours d'un point de vue expressif, on peut choisir de mettre l'adjectif après le substantif pour indiquer que la qualification est le résultat d'une réflexion et constitue un jugement élaboré.

            Une voiture belle

5. Dans la langue de la poésie, bien souvent on se sert mécaniquement de l'adjectif antéposé. C'est une sorte de cliché stylistique qui, lorsqu'il est employé sans justification sémantique, sonne faux.

B) Plusieurs adjectifs

Lorsqu'il y a plusieurs adjectifs qui font référence aux mêmes catégories intellectuelles, on les place avant et après le substantif:

                Un grand garçon heureux

S'il y en a trois, on les regroupe et le dernier est précédé de la conjonction et. Généralement, en littérature, ils prennent place devant le substantif:

                Trois longues, grasses et lumineuses journées

Si le substantif est accompagné d'un adjectif et d'un syntagme prépositionnel, on place l'adjectif devant le substantif, de façon à maintenir la cohésion de l'extension prépositionnelle:

            De charmants jeux de lumières.

Lorsque l'adjectif est lui-même modifié par une structure adverbiale, l'ensemble du groupe est placé après le substantif:

                        Une bicyclette trop grande.             Un cheval bien trop nerveux

Cette règle a l'avantage, lorsque l'on a une difficulté à placer un adjectif, de permettre systématiquement le placement de I'adjectif après le substantif en le modifiant de la façon décrite.

Lorsque l'adjectif est lui-même modifié par une extension de type prépositionnel, il est stylistiquement nécessaire de respecter la cohésion entre l'adjectif et ce qui le modifie.

                Un ouvrier capable de produire 15 voitures chaque jour.

Toute destruction de la cohésion apparaît stylistiquement comme l'insertion d'un commentaire et transfère l'importance du message à ce commentaire. Ainsi:

            Un ouvrier capable de produire 15 voitures chaque jour [importance donnée au nombre de voitures]

    Un ouvrier capable, chaque jour, de produire 15 voitures [importance donnée au fait qu'il peut faire cela chaque jour]

II faut noter que lorsque le nom introduit normalement par des (de + les; ou l'article indéfini pluriel des) est précédé de l'adjectif, des se réduit généralement à de ou à d' devant un adjectif commençant par une voyelle.

Il nous reste de beaux jours avant la fin des vacances

                            Voici d'agréables journées en perspective!

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

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