La "Réforme" de l'orthographe de 1990
En 1990, le Conseil supérieur de la langue française fit paraître au Journal officiel un document intitulé Les rectifications de l’orthographe. Les principales modifications préconisées étaient : — la soudure d’un certain nombre de noms composés (portemonnaie, pingpong...) ; — l’harmonisation du pluriel des noms composés avec celui des noms simples (un perce-neige, des perce-neiges, un garde-malade, des garde-malades...) ; — la possibilité de supprimer certains accents circonflexes sur le i et le u (voute, traitre, paraitre, huitre...) ; — l’accent grave sur le e quand il est précédé d’une autre lettre et suivi d’une syllabe qui comporte un e muet (évènement, cèleri, sècheresse, règlementaire — comme règlement —, règlementation...) — l’application des règles usuelles d’orthographe et d’accord aux mots d’origine étrangère (des imprésarios, un diésel, les médias...). — la rectification de quelques anomalies graphiques (charriot, imbécilité, nénufar, relai...). Malgré la modération et le bon sens de ces propositions, la presse s’empara du sujet et entretint une querelle passablement artificielle. L’Académie approuva à l’unanimité le document, mais resta fidèle à sa ligne de conduite traditionnelle en demandant que « lesdites recommandations ne soient pas mises en application par voie impérative et notamment par circulaire ministérielle ». Tout en souhaitant « que ces simplifications et unifications soient soumises à l’épreuve du temps », la Compagnie en a adopté un certain nombre dans son Dictionnaire, mentionnant les autres à la fin de l’ouvrage. |
Les modifications ont été présentées dans le
RAPPORT DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA LANGUE FRANÇAISE
voici quelques modifications fondamentales
III. - GRAPHIES PARTICULIÈRES FIXÉES OU MODIFIÉES
Ces listes, restreintes, sont limitatives. Il s’agit en général de mots dont la graphie est irrégulière ou variable ; on la rectifie, ou bien l’on retient la variante qui permet de créer les plus larges régularités. Certains de ces mots sont déjà donnés par un ou plusieurs dictionnaires usuels avec la graphie indiquée ici : dans ce cas, c’est une harmonisation des dictionnaires qui est proposée. 1. Mots composés : on écrit soudés les noms de la liste suivante, composés sur la base Dun élément verbal généralement suivi d’une forme nominale ou de « tout ». Les mots de cette liste, ainsi que ceux de la liste B ci-après (éléments nominaux et divers), sont en général des mots anciens dont les composants ne correspondent plus au lexique ou à la syntaxe actuels (chaussetrappe) ; y figurent aussi des radicaux onomatopéiques ou de formation expressive (piquenique, passepasse), des mots comportant des dérivés (tirebouchonner), certains mots dont le pluriel était difficile (un brisetout, dont le pluriel devient des brisetouts, comme un faitout, des faitouts, déjà usité), et quelques composés sur porte-, dont la série compte plusieurs soudures déjà en usage (portefaix, portefeuille, etc.). Il était exclu de modifier d’un coup plusieurs milliers de mots composés, l’usage pourra le faire progressivement. (Voir Analyse 1 ; Recommandations 1, 2.)
Liste A
Liste B
Liste C
5. Tréma : le même usage du tréma s’applique aux mots suivants où une suite -gu ou -geu- conduit à des prononciations défectueuses (il argue prononcé comme nargue). On écrit donc: il argüe (et toute la conjugaison du verbe argüer) ; gageüre, mangeüre, rongeüre, vergeüre. (Voir Analyse 3.1.)
Liste D
7. Accents : l’accent est modifié sur les mots de la liste suivante qui avaient échappé à la régularisation entreprise par l’Académie française aux XVIIIe et XIXe siècles, et qui se conforment ainsi à la règle générale d’accentuation. (Voir Analyse 3.2 ; Règle 3 ; Recommandation 3.) Liste E
8. Mots empruntés : on écrit soudés les mots de la liste suivante, composés d’origine latine ou étrangère, bien implantés dans l’usage et qui n’ont pas valeur de citation. (Voir Analyse 6 ; Règle 7 ; Recommandations 4, 5, 7, 8, 9.) Liste F
9. Accentuation des mots empruntés : on munit d’accents les mots de la liste suivante, empruntés à la langue latine ou à d’autres langues, lorsqu’ils n’ont pas valeur de citation. (Voir Analyse 6 ; Règle 7 ; Recommandations 4, 5, 7, 8, 9.) Liste G
10. Anomalies : des rectifications proposées par l’Académie (en 1975) sont reprises, et sont complétées par quelques rectifications de même type. (Voir Analyse 7.) Liste H
Notes : (a) Le e ne se prononce plus. L’Académie française écrit déjà j’assois (à côté de j’assieds), j’assoirai, etc. (mais je surseoirai). Assoir s’écrit désormais comme voir (ancien français veoir), choir (ancien français cheoir), etc. (b) À cause de bizuter, bizutage. (c) À rapprocher de cil. Rectification d’une ancienne erreur d’étymologie. (d) Cea est une ancienne graphie rendue inutile par l’emploi de la cédille. (e) La suite cz est exceptionnelle en français. Exéma comme examen. (f) Mot d’origine arabo-persane. L’Académie a toujours écrit nénufar, sauf dans la huitième édition (1932-1935). (g) Des trois graphies de ce mot, celle-ci est la plus conforme aux règles et la moins ambiguë. (h) Cette graphie évite l’homographie avec punch (coup de poing) et l’hésitation sur la prononciation. (i) Comparer relai-relayer, avec balai-balayer, essai-essayer, etc. (j) Des sept graphies qu’on trouve actuellement, celle-ci est la plus conforme aux règles et la moins ambiguë. (k) À rapprocher de vent ; rectification d’une ancienne erreur d’étymologie.
11. Anomalies : on écrit en -iller les noms suivants anciennement en -illier, où le i qui suit la consonne ne s’entend pas (comme poulailler, volailler) : joailler, marguiller, ouillère, quincailler, serpillère. (Voir Analyse 7.) 12. Anomalies : on écrit avec un seul l (comme bestiole, camisole, profiterole, etc.) les noms suivants : barcarole, corole, fumerole, girole, grole, guibole, mariole, et les mots moins fréquents : bouterole, lignerole, muserole, rousserole, tavaïole, trole. Cette terminaison se trouve ainsi régularisée, à l’exception de folle, molle, de colle et de ses composés. (Voir Analyse 7.) 13. Anomalies : le e muet n’est pas suivi d’une consonne double dans les mots suivants, qui rentrent ainsi dans les alternances régulières (exemples : lunette, lunetier, comme noisette, noisetier ; prunelle, prunelier comme chamelle, chamelier, etc.) : interpeler (au lieu de interpeller) ; dentelière (au lieu de dentellière) ; lunetier (au lieu de lunettier) ; prunelier (au lieu de prunellier). (Voir Analyse 7.)
Liste des graphies rectifiées
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