"Pierre Louis, dit
Pierre Louÿs, né à Gand [1870]
étudie à l'École alsacienne de Paris, et se lie d'amitié avec son
condisciple, André Gide.
Très tôt attiré par le monde des lettres, il se lie d’abord au Parnasse.
À dix-neuf ans, il rencontre Leconte de Lisle et épouse la plus jeune
fille de José Maria de Heredia, Louise.
Trois années plus tard, il fait partie de l’école symboliste et, en
1892, il écrit un sonnet à Mallarmé à l’occasion de son cinquantième
anniversaire.
Un an plus tôt, il avait fondé une revue, La Conque, où furent publiés
des textes de Gide, Mallarmé, Paul Valéry et Verlaine. Il y publia aussi
ses premiers vers érotiques et précieux, avant de les réunir dans le
recueil Astarté (1893). Sous la forme de poèmes lyriques grecs, ce sont
de courtes pièces précieuses, teintées d’un léger érotisme.
Son deuxième recueil, «Les Chansons de Bilitis» (1894) est resté célèbre
en tant que supercherie littéraire: Louÿs mystifie la critique en le
prétendant traduit du grec en les attribuant à une poétesse de l'âge
lyrique. Du Parnasse et du symbolisme le jeune esthète a d’abord retenu
la sensualité païenne et le goût de la beauté. De ces descriptions de
paysages, de ces scènes tendrement érotiques se dégage un paganisme
calme. Debussy composa un accompagnement pour trois des chansons du
recueil: La Flûte de Pan, La Chevelure, Le tombeau des Naïades.
Son premier roman, Aphrodite, mœurs antiques (1896), exprime le culte de
la beauté formelle. Ce roman séduit d’abord par son aspect licencieux;
sa peinture de la volupté rappelle les oeuvres décadentistes et son
esthétisme rappelle celui des parnassiens; la justesse de l’érudition et
la finesse des observations psychologiques, si elles ne donnent pas au
livre son unité, légitiment pleinement le succès qu’eut ce tableau de
moeurs alexandrines. Il fut adapté pour la scène lyrique en 1906.
Deux autres romans : la Femme et le pantin (1898) et Psyché (resté
inachevé), ont pour cadre l'époque contemporaine. Le thème de l'amour
sensuel y reste cependant prédominant : le premier met en scène une
femme fatale avec une très grande intensité dramatique et décrit les
ravages de la passion sur un homme. L’écriture dépouillée et l’exotisme
(le roman se passe en Espagne) concourent à faire de ce livre le
chef-d’œuvre de Pierre Louÿs. Il dit y adopter une attitude de moraliste
qui, dépeignant le drame de l’amour passionnel, voudrait libérer le
corps, par une sensualité détachée du sentimentalisme. Un mélodrame,
Conchita, en fut tiré en 1911 par Zingarini et Vaucaire, sur une musique
de Richard Zandonai; puis un film de Sternberg, The Devil is a Woman, en
1935, avec Marlène Dietrich.
Le deuxième, Psyché transpose dans le monde moderne les amours mythiques
du dieu de l'Amour et de l'Âme. C’est dans l’Orient hellénisé que Louÿs
croit trouver le modèle idéal du culte lucide de la beauté et de
l’amour. Il tente de saisir cette forme d’amour, complet dans son
immatérialité. La visée moralisatrice de l'oeuvre de Louÿs y est
sensible.
Louÿs écrivit encore Les Aventures du roi Pausole (1901), conte
satirique libertin, divertissement inspiré des conteurs galants du
XVIIIe siècle, livre de libertinage pour le plaisir du texte. On lui
doit aussi un grand poème, Pervigilium mortis (1916).
Jusque dans sa correspondance avec Paul Valéry, Pierre Louÿs restera
toujours l’esthète païen qu’il était dans sa jeunesse, cultivant la
beauté et l’amour." (Chttp://www.anthologie.free.fr/anthologie/louys/louys.htm)
|