Histoire d'Arcade / Formules

Lors du Colloque de Cerisy de 2008, Bernardo Schiavetta qui était le co-éditeur de Formules  avec Jan Baetens et Président de l'Association Reflet de Lettres,  décida avec l'accord de son co-éditeur, de confier à Jean-Jacques Thomas, un membre du comité de rédaction de Formes Poétiques Contemporaines, la direction de cette revue, puisque, à des titres divers, celui-ci avait une certaine expérience de l'édition des revues (Sub-Stance, Semiotext(e), Bulletin of Literary Semiotics, etc.). Une idée directrice consistait à explorer la possibilité de faire, à court terme, de FPC un "webzine" qui serait avant tout une sorte de laboratoire de publication permettant de se dégager de la forme traditionnelle de la revue imprimée. Ceci d'autant plus que l'une des raisons pour le changement de l'équipe éditoriale tenait à ce que la maison d'édition  qui avait soutenu FPC depuis sa fondation en 2003, Les Impressions Nouvelles (Paris / Bruxelles), avait fait savoir qu'elle ne tenait pas à poursuivre la collaboration au delà du numéro 5-6 qui venait d'étre publié. Une publication en ligne semblait donc une solution légitime et innovante, en harmonie avec les intérêts expérimentaux de la revue.
Comme Jean-Jacques Thomas faisait la navette entre la France et les Etats-Unis, mais que sa base professionnelle se situait à la State University of New York, il fut décidé que l'ensemble de la production de la revue: maquette, conception, mise en page, mise en ligne et services de soutien informatique prendrait place aux Etats-Unis. Dès les premières discussions pour la réalisation matérielle de la revue, plusieurs options fondamentales demandaient un choix clair. En particulier, il fallait décider si le webzine serait conçu comme un ensemble complétement réalisé de manière "créative", avec des solutions locales et des principes spécifiques ou si la revue se conformerait à certains modèles de revues déjà établis, mais imposant un moule qui laissait assez peu de place à l'expérimentation basée sur une technologie plastique digitale (WordPress, OJS Customizations, etc.). Parce qu'il s'agissait avant tout de faire l'expérience d'une technologie créante, la décision fut de ne pas utiliser un modèle tout fait mais d'élaborer le site de manière individuelle et de permettre ainsi aux éditeurs de faire l'expérience directe de toutes les potentialités d'édition électronique. Pendant l'année 2009 une équipe éditoriale composée de Bénédicte Gorrillot, Jan Baetens et Jean-Jacques Thomas fut mise en place et, en parallèle, une organisation d'édition électronique s'organisa à SUNY, composée en grande partie par des doctorants en arts plastiques pour le graphisme du webzine et des doctorants en informatique pour la créations des codes nécessaires à la composition et mise en place de l'édition digitale sur internet.
Pour la partie technologique, trois postes  servaient de base au travail  de conception:  1. architecture et design des pages du site, 2.  élaboration d'un espace d'expérimentation plastique qui devait pouvoir s'inscrire dans l'ensemble avant tout discursif et critique de la revue, et  3. comme il existait déjà un site web créé par Elisabeth Chamontin pour la première série de FPC,  il fallait concevoir l'intégration et mise à jour des archives électroniques de la revue. La partie "logistique publique" de la revue comprenant abonnements, distribution, réseau social du lectorat, etc. ne faisait pas partie du cahier des charges puisque, d'après le contrat qui venait d'être signé avec les Presses du Nouveau Monde devenue la nouvelle maison d'édition hébergeant la revue, c'est cet éditeur professionnel qui devait se charger de cet aspect des opérations de la revue.  Comme la mise en place de l'édition en ligne prenait plus de temps que prévu, le comité de rédaction de FPC auquel était venu s'ajouter Eric Trudel, a décidé, avec l'accord des Presses, de produire en 2010 une version "imprimée" de la revue tout en poursuivant la mise en place de ce qui maintenant était devenu un e-zine.
En mai 2009 le numéro 13 de Formules, est paru. En même temps sur internet, un prototype rudimentaire de FPC en ligne a été mis en beta testing avec l'ambition de le lancer de manière officielle et publique à l'automne. Ce premier site en ligne déjà mélangeait textes et vidéos en reprenant les textes de Formules 13 et en proposant de courts extraits des vidéos réalisées lors du colloque de Cerisy de 2008, le premier colloque organisé par Formules a avoir fait l'objet d'un document cinématographique filmé en vidéo HD, précisément parce que l'insertion de vidéos faisait partie du projet d'incrustations visuelles et sonores dans la version en ligne de FPC.
Le colloque Formules de 2009, "Urbanités littéraires - Cityscapes, Literary Escapes"  était prévu de longue date sur le campus de la State University of New York pour le mois de septembre. A cette occasion, les membres des deux comités éditoriaux (FPC et Formules) devaient s'y retrouver. Le dernier jour du colloque Bernardo Schiavetta a décidé d'abandonner la direction de Formules, de passer la responsabilité de la revue à Jan Baetens et Jean-Jacques Thomas et a demandé la démission de tous les membres du comité éditorial de Formules afin de permettre aux deux nouveaux directeurs de choisir leurs nouveaux collaborateurs pour l'édition de la revue.
Afin que Formules ne disparaisse pas, Jan Baetens et Jean-Jacques Thomas ont accepté de reprendre la revue, mais déjà impliqués dans l'édition et production de FPC qui correspond directement à leurs intérêts critiques et à leur domaine de compétence intellectuelle et universitaire, une des stipulations consistait à poursuivre Formules mais exclusivement sous forme de e-zine afin de n'avoir pas à se préoccuper de l'aspect d'une production imprimée. En mai 2010 sont parues les versions imprimées de FPC 7 ("Postérité des avant-gardes) ainsi que Formules 14 (les actes du colloque de SUNY: "Urbanités lIttéraires") qui devait être la dernière version "imprimée" de la revue et qui, comme le premier numéro de 1997, était signé par les deux éditeurs originaux, Jan Baetens et Bernardo Schiavetta.  La transition éditoriale dans les deux revues, ainsi que la production de deux numéros de revue dans une version imprimée a mobilisé l'essentiel des énergies éditoriales au détriment du travail d'élaboration du site internet. De plus, l'année 2010 a été consacrée à reconstituer un comité éditorial pour Formules, composé pour la plupart, de participants familiers de Formules, mais issus d'une génération plus jeune et qui, jusque là, n'avaient pas eu la possibilité d'influer sur la ligne éditoriale de la revue. Très vite il est apparu que le désir de Jan Baetens et Jean-Jacques Thomas de ne faire de Formules qu'un e-zine n'avait guère d'attrait pour  ceux qu'ils voulaient convier à la direction éditoriale de la revue. Rapidement s'est donc imposée l'idée selon laquelle, là aussi, deux versions de la revue seraient produites, Jean-Jacques Thomas s'engageant à maintenir une version "imprimée" de Formules pour au moins trois ans au moins avec le soutien de son institution universitaire.
A la suite de cette décision, pour des raisons économiques faciles à comprendre, la version prototype du e-zine de FPC a recueilli les projets éditoriaux de Formules et puisque des deux revues Formules était celle qui avait le lectorat le plus large, proposant des sujets de numéros d'intérêt général, le nom "Formules" a été adjoint à celui d'Arcade qui, jusque là, dans les discussions éditoriales internes,  servait à distinguer la version en ligne de FPC de la version imprimée.  Le choix du nom avait fait l'objet d'une assez longue recherche et il s'était imposé car son caractère sylleptique lui donne un faisceau de connotations valorisant des aspects particuliers du projet éditorial. Un e-zine, c'est, comme l'"arcade" des villes anciennes, un lieu de passage très (bien) frequenté (un article de revue imprimée est lu par une centaine de personnes, un site web reçoit sur certains de nos sites, jusqu'à 18000 visiteurs); l'"arcade", dans le parler d'aujourd'hui, c'est un lieu ludique et nous espérons bien que les lecteurs trouvent un certain plaisir à visiter nos pages, à lire les textes, mais aussi à se promener dans nos installations digitales; enfin pour SUNY, lieu de support institutionnel, c'est un peu d'histoire et de nostalgie: deux jeunes étudiants de SUNY animés par un intérêt commun pour les "comics" et découragés par l'académisme ambiant des arts graphiques du début des années 70, collaborent à la revue d'Art Spiegelman and Bill Griffith  intitulée "Arcade". Les afficionados des comics de contre-culture en ont, depuis, fait des héros mythiques:  Robert Crumb et Spain Rodriguez. Une deuxième installation en ligne qui réunit dans un joyeux désordre les activités de FPC et Formules parait donc en mai 2011 avec une page réunissant des contributions "créatives" faisant la part belle au kinétisme graphique et aux effets sonores; une ébauche de ce qu'Arcade / Formules voudrait devenir: studio ou atelier de créations plastiques rendues possibles par les nouvelles technologies digitales et en même temps lieu de réflexion sur ces nouvelles formes qui se laissent découvrir. Pour de complexes raisons la partie "logistique  publique" de la revue n'a jamais pu être réalisée: à la fin de 2011 il n'y a toujours pas de système d'abonnements en ligne. C'est un avantage pour les visiteurs: les articles sont en accès libre sous forme de fichier *.pdf.  Cela ne nous aide pas à financer la production des versions en ligne ou des versions "imprimées" qui continuent de durer, mais cela nous assure un lectorat croissant. Le choix délibéré, chaque fois que possible, du bilinguisme qui correspond à l'hybridité culturelle des membres du comité éditorial des deux revues nous assure aussi une grande liberté d'expression ainsi qu'un public international divers. Le manque à gagner n'est donc pas une perte...
Janvier 2012 voit apparaitre  la version 3; c'est celle que vous découvrez. Après la période expérimentale des cent fleurs,  s'impose un certain ordre. Nous rendons maintenant à FPC ce qui lui revient et de même pour Formules. Le flou s'estompe. Egalement les progrès dans le domaine de la compression digitale et l'existence de sites spécialisés dans l'hospitalité virtuelle facilitent le stockage des archives et la multiplication des enchâssements cinématographiques. Si Formules 16 (2012) nous donnera la version discursive imprimée bien éditée, dès maintenant vous pouvez participer presque directement aux débats qui ont marqué, à l'automne dernier, le colloque oulipo@50 qui s'est tenu à SUNY. Egalement, des films, ou documents d'archives liés à la vie passée de FPC et/ou Formules, déjà présents sur les sites anciens d'Arcade, mais dans un format timbre-poste, ont été réédités et sont maintenant accessibles dans des formats plus larges et dans une meilleure définition.  Comme ce fut le cas, ce sont vos commentaires et suggestions qui ont favorisés le développement d'Arcade / Formules, visitez donc la 3e version et aidez-nous à faire mieux connaitre notre présence active sur internet et à en améliorer la navigation et le contenu.

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Les éditeurs d'Arcade / Formules