STRUCTURES DU FRANÇAIS CONTEMPORAIN

   

  SEMANTIQUE ET LANGUE FRANÇAISE FIGUREE

 

                 

         

         

Conclusion Grammaire Générale et Raisonnée (dite de Port-Royal, 1660).

                   

Les figures de style

 

Les principales figures de construction:

 

EUPHÉMISME

Consiste à dire moins que ce l'on pense; sert à atténuer la force d'une affirmation ressentie comme trop péremptoire et agressive en français.

IL FAIT BEAUCOUP D'ECONOMIES =                 Il est avare

IL TOUSSE, IL TOUSSE BEAUCOUP =                 Il a une pneumonie

ILS SE VOIENT MOINS SOUVENT            =          Ils ont rompu

ELLE A UN CERTAIN AGE                    =          Elle est âgée

 

LITOTE

On utilise une tournure négative, ce qui donne un sens restrictif à l'énoncé, tout en laissant entendre le sens plein.

Il n'est pas maigre                                =          Il est gros

Il n'est pas mal                                     =          Il est bien

Ce n'est pas un mauvais chanteur        =          Il chante bien

Je ne te hais pas                                    =          Je t'aime

Cela ne vous fera pas de mal               =          Cela vous fera du bien

Ça n'est pas sorcier                               =          C'est facile

 

PÉRIPHRASE

Pour ne pas utiliser le terme propre, on se sert de la périphrase qui consiste à remplacer le nom par ses caractères. C'est un signe motivé, concret, pittoresque, qui évoque l'objet dans son cadre, dans ses manifestations, dans sa fonction.

 

Paris =               LA VILLE LUMIÈRE           //         

la lune               =        L'ASTRE DE LA NUIT

George Washington =              LE PÈRE DE LA PATRIE

Louis XIV =                        LE ROI SOLEIL //         

Rome =                     LA VILLE ÉTERNELLE

 Les figures de mots (ou "tropes")

L'essentiel des figures de mots s'organise selon les deux principes essentiels de la langue:

1) le PARADIGME  

2) le SYNTAGME.   (voir la théorie des axes paradigmatique et cynchronique de Jakobson, ici meme  ch.  La synchronie)

La MÉTAPHORE et les figures qui lui sont associées sont le résultat d'une opération paradigmatique,

la MÉTONYMIE et les figures qui lui sont associées sont le résultat d'une opération syntagmatique.

 

Le pincipe de la MÉTAPHORE

 Il se produit un transfert sémantique par lequel le signifiant perd le signifié précis qui lui est communément attaché et reçoit le signifié d'un autre signifiant par assimilation. Ce transfert [combinaison] peut être implicite ou explicite. C’est une figure paradigmatique.

Selon Max Black, il s’agit d’un processus de « parsing » des sèmes. Les sémèmes pertinents sont convoqués alors que les sèmes impertinents sont éliminés. (http://www.ieeff.org/212semique.htm) 

 

COMPARAISON [X est comme Y]

Généralement, on considère qu'il y a comparaison si un élément grammatical explicite [comme, pareil à, semblable à] est présent dans l'énoncé.

 

ACHILLE EST COMME UN LION

IL EST LIBRE COMME L'AIR

ON SE PROMÈNE DANS CETTE MAISON COMME DANS UN MUSÉE

CES SPECTATEURS SONT COMME DES ANIMAUX FOUS

 

MÉTAPHORE             [X est Y]

Il y a métaphore proprement dite lorsque le mot qui désigne la teneur est assimilée ou remplacée par le mot désignant le véhicule.

 

ACHILLE EST UN LION 

CE POLITICIEN EST UN ANE

LE LION ACHILLE SAUTA SUR L'ENNEMI

LA FLEUR DE L'INNOCENCE

LE POISON DE L'ENVIE

LA PERLE DES AMIS

[LA SOCIÉTÉ AMÉRICAINE RÊVE DE] LA VILLE RESPLENDISSANTE SUR LA COLLINE

LE FLEUVE DE LA VIE

LA FLÈCHE DE L'AMOUR

 

Il est possible de poursuivre une métaphore dans un énoncé et de prolonger la figure dans de nombreuses occurrences:

 

IL FAUT SAVOIR NAVIGUER SUR LE FLEUVE DE LA VIE ET SAVOIR

EVITER LES ÉCUEILS

 

 

D'autres figures ayant une valeur différente sont le résultat d'une opération paradigmatique.

 

Allégorie

Présentation d'une abstraction par un personnage doté d'attributs spécifiques. Généralement ce type de figure utilise l'anthropomorphisme (animation humaine d'un objet inanimé. Le nom commun est précédé d'une majuscule, bien souvent.  Dans la tradition critique anglo-saxonne contemporaine, le terme a pris un sens plus général de « figuratif » (De Man, Quilligan, etc.).

 

La Justice, aux joues pâles.

 

Catachrèse

 Figure qui consiste à pallier l'absence de terme propre par une expression figurée. Le bras de la rivière; une tête d'épingle, etc

 

Le principe de la MÉTONYMIE

 

Comme la métaphore, elle permet d'attribuer à un terme un autre sens que celui qui lui est conventionnellement attaché. Mais sa construction s'établit selon des rapports de proximité, et non sur une identité de sème. La construction de la métonymie est syntagmatique. Ce sont des rapports logiques qui la déterminent.

 

Boire un pot [on boit le contenu du "pot"]

Paris s'éveille [ce sont les habitants de Paris qui s'éveillent]

 

D'autre figures sont de type syntagmatique et appartiennent donc au domaine de la métonymie.

 

Synecdoque

Figure qui correspond à un accroissement ou à une diminution de sens.

 

-Le genre pour l'espèce:            "L'élément liquide" = la mer

- le singulier pour le pluriel: "Aux carrefours, l'agent" = les agents -la partie pour le tout:  "A l'horizon, une voile" = un bateau

 

Antonomase

Figure qui consiste à employer:

-   un nom propre pour un nom commun:

Un Harpagon = un avare

- un nom commun pour un nom propre:

L'incorruptible = Robespierre

 

Hypallage

 C'est lorsque la qualité appartenant à un objet cité dans l'énoncé est attribué à un autre objet cité lui aussi dans l'énoncé (un emprunt de caractéristique, en quelque sorte).

 

Ils allaient obscurs dans la nuit.

L'odeur pointue des aiguilles de pin.